Kaede Iteda • [Finish]

Kaede Iteda

Alors, comment me décrire... Voyez, j'suis plutôt de caractère rebelle. Je n'aime déjà pas qu'on me donne des ordres, alors qu'on me donne des ordres en me traitant comme un chien, ça je ne supporte pas ! J'ai un sacré caractère, c'est l'cas de le dire ! Je suis plutôt du genre, calme et silencieuse qui ne parle que quand elle le veux et c'est pas toujours pour dire des choses sympas. Ensuite, je suis très observatrice et débrouillarde. C'est pas pour rien que j'suis fille de flic. Je suis courageuse et audacieuse, deux choses essentielles à savoir sur moi. Je ne me laisse pas marcher dessus. J'aime bien écouter les autres, c'est même un de mes meilleurs point forts. C'est une preuve que j'ai bon fond quand même. Parce que oui, mes défauts, parlons-en ! Je suis quelqu'un d'extrêmement impatiente ! Je veux toujours foncer et réfléchir après. C'est plus fort que moi. Un autre de mes nombreux défauts, je fais (trop) souvent confiance aux gens. Je pense tout le temps qu'un meurtrier peut changer s'il le veut. Et je pense tout le temps que si je confie quelque chose à quelqu'un, qu'il me le rendra, même si c'est un voleur. Parce que je pense toujours que je peux changer les gens... Grave erreur. Ça prouve que j'ai un petit coté naïf. Malgré ça, je suis têtue et chiante. Que dire de plus...?



Me décrire maintenant... Et bien, j'dirais que je suis une fille de quinze ans normale. Voilà.
Non bon, d'accord. En fait, je mesure environ un mètre soixante-dix pour une fine silhouette. Allez pas croire que je vais vous révéler mon poids ! Bref, continuons. La première chose qu'on remarque chez moi, c'est ma poitrine... Nan ! Vous y avez cru ?! Aha ! Vous êtes vraiment idiots, en fait ! Nan, ce qu'on remarque en tout premier, ce sont mes yeux. Ils sont beaux. Ils sont bleus et clair. Limite gris, tu vois. Ensuite, j'ai la peau blême qui contraste avec mes cheveux noir corbeau. Ils sont lisse, alors ça me facilite la tache pour me coiffer. Et oui, je peux être féminine aussi. Je peux me maquiller. D'ailleurs, c'est ce que je fais tout les matins, devant la glace de ma salle de bain. Bref, tout ça pour dire que mon visage a des "teintes harmonieuses". (J'ai dû lire ça quelque part...)

Passons à mes vêtements ! Seule chose à savoir : Je.ne.quitte.jamais.ma.veste.à.capuche.rose ! Jamais ! C'est mon père qui me l'avait acheté alors elle compte beaucoup pour moi. Avec cette belle veste, j'enfile une robe bleue marine qui m'arrive à la hauteur des genoux, accompagnée par ses fidèles collants noirs et de ses bottines marrons clair. C'est simple. C'est plutôt discret, aussi je trouve. C'est pas comme si j'étais habillée en mode lampe torche, non plus !




Depuis que je suis née, je n'ai pas arrêté d'accumuler les malheurs. D'abord, ma naissance. Ma mère voulait un fils. Malheureusement pour elle, j'étais une fille. Elle me l'a fait payer. Vous pouvez pas savoir à quel point ça fait mal de se dire qu'on est pas aimé par notre mère. On se demande pourquoi. On se mets à pleurer. Après tout, on a rien fait pour mériter ça. Même toute petite, j'avais déjà tout compris. Ce n'était pas ce que je faisais, qui déplaisait à ma mère, mais ce que j'étais. J'étais née. C'était comme si je n'étais pas voulue. Ma mère me détestait, parce que j'étais là. Parce que je n'étais pas ce qu'elle voulait. Et ça, c'est censé ne pas être possible ! Votre mère qui vous déteste, ça n'existe pas, normalement... C'est ça qui est le plus blessant. Se dire que c'est à cause de nous si notre mère ne nous aime pas. Ça peut même mener, limite au suicide !
Et là vous vous dites, mais et ton père ? Et bah mon père est tout simplement génial ! J'ai vraiment eu de la chance d'avoir mon père. Et je dis ça sérieusement. Mon père, c'est quelqu'un de bien.
Ensuite, mon deuxième malheur, ça a été le divorce. C'est triste d'apprendre à quatre ans que vos parents ne s'aiment plus. Là encore, vous vous reposez des questions. Est-ce à cause de moi ? Parce que pendant toute votre enfance, vous n'avez eu de cesse de vous être demandé et demandé encore si c'était à cause de vous si votre mère ne vous aimait pas. J'avais quatre ans et je me posais déjà ces questions là...
Mais le bon coté de ce divorce, c'est que je ne voyais plus ma mère. Elle avait signifié à ses avocats qu'elle ne voulait pas me reprendre et qu'elle laissait ma garde à mon père. C'était... le paradis !
Pendant toute mon enfance, j'ai vécu avec mon père. Il était flic. Mais c'était le meilleur flic du monde. Il prenait son boulot très à cœur et chaque jour, après l'école c'était une voiture bourrée de flics qui attendait. Ils venaient me chercher pendant  leur pause, m'achetaient quelques trucs pour le goûté à la cafeteria du coin et m'emmenaient au commissariat. Quand ils venaient me chercher, j'étais fière. Fière de monter dans cette voiture de police et j'étais respectée. Personne ne m'embêtait. Personne ne me voulait du mal. J'avais juste à dire "Mon père est flic !" Et là, les poings retombaient. J'ai adoré cette période de ma vie.

Pendant mes années de collège, je me rendais toute seule au commissariat. Je connaissais tout le monde, là-bas. Et tout le monde me connaissait. J'étais vouée à une brillante carrière dans la police. J'aimais ce métier.

Mais un autre malheur est survenu. Le jour où, au cour d'une fusillade qui s'était mal terminé, trois policiers sont morts. Mon père en faisait parti. Mon dieu... La seule personne qui tenait à moi était... morte. Parti. Envolée. Disparue. A jamais. C'est difficile de se dire ça. J'étais seule.

Mais le plus dur, c'est quand vous êtes "transférée" chez votre mère. Votre mère qui ne vous aime pas. Votre mère qui n'avait aucune envie que vous reveniez dans sa vie. Votre mère qui ne vous adresse que des regards méprisants. J'avais toujours l'impression que je la décevais, quoi que je fasse et quoi que je dise. Je n'étais pas venu au collège pendant une semaine. Quand je suis revenue, les gens ont été compatissant avec moi. Mais ça n'a pas duré. J'étais fille de flic. Je ne suis pas retournée au commissariat tout de suite. C'était trop douloureux. C'est là que j'ai dû être transféré de collège. J'étais bringue ballé dans tout les sens. Nouvelle maison. Nouveau collège. Ça n'en finissait pas !

Là encore je pouvais supporter. Mais ma mère faisait tout pour me déstabiliser. Les petites remarques amères dès le matin pour me plomber ma journée. Elle m'enlevait l'eau chaude quand je me douchait. Fouillait ma chambre. Elle allait même jusqu'à voir mes professeurs et leur dire que j'étais "une élève fauteuse de trouble". Si c'était comme ça qu'elle me voyait, très bien.

C'est à ce moment là que j'ai commencé à m'habiller et à me comporter en rebelle, à la contredire, à l'énerver. Juste pour voir l'expression de son visage quand elle me regardait. Je me fichais complétement de ce qu'elle pouvait penser de moi. Je voulais la mener à bout. Elle ne m'aimait pas ? Et bien c'était réciproque et je voulais lui faire savoir. Qu'elle comprenne bien que je n'étais pas son chien et que je réagissais. Depuis ce jour, je n'ai pas arrêté de me battre. Je me suis forgée un caractère. Dans mon nouveau collège, personne n'était au courant pour mon père. Alors je devais me débrouiller. Toute seule.

C'est seulement plus tard que je suis retournée au commissariat. J'ai retrouvé pleins de collègues de mon père. Ils m'ont accueillis à bras ouverts. C'était ma deuxième famille. J'ai continué à les accompagner sur le terrain, à les aider. C'était redevenu mon quotidien. J'ai de nouveau retrouvé ma place !

Mais il a fallut que ma mère gâche tout en m'envoyant dans ce pensionnat. Elle en avait tellement marre de moi qu'elle ne supportait plus de me voir. Ma propre mère... Et c'est comme ça que je suis arrivée ici. Contre ma volonté. A cause de ma mère.